- GRAHAM (M.)
- GRAHAM (M.)GRAHAM MARTHA (1894-1991)Danseuse, chorégraphe et pédagogue américaine, née à Pittsburg (Pennsylvanie) et morte à New York. Issue d’une famille puritaine de la Nouvelle-Angleterre, originaire d’Écosse et d’Irlande, Martha Graham étudie la danse avec Ruth Saint Denis et Ted Shawn à Denishawn School, école héritière des principes de François Delsarte et de Jaques-Dalcroze (1913-1923). D’abord danseuse au Greenwich Village Follies à New York (1926), elle devient professeur à Eastman College de Rochester, puis se consacre à la recherche chorégraphique. Elle établit la base de sa propre technique sur la respiration et la contraction (elle est la première à imposer la barre au sol); elle rejette les éléments de la danse classique (pointes, pas traditionnels) pour n’en garder que l’en-dehors. Elle utilise beaucoup de positions en «flexion», grâce à la danse pieds nus; elle fait des recherches dans le sens des déplacements d’axes et, surtout, dans l’utilisation de la surface au sol. Le mouvement, pour elle, doit provenir de pulsions internes, être ressenti profondément au niveau des sens avant d’être extériorisé, d’où l’importance qu’elle accorde, en premier, à l’élaboration du mouvement, et ensuite à sa réalisation; quant au support musical, il n’intervient qu’après la création de la danse. Elle est l’une des premières à utiliser des décors abstraits, stylisés, symboliques — les jeux de lumières créant un élément décoratif —, ainsi que les effets qu’on peut tirer d’une scène mobile. Elle recherche, au début, un costume abstrait, tel le maillot académique, permettant la création de nombreuses compositions de lignes, puis elle opte pour des costumes aux amples draperies. Ses thèmes sont soit puisés dans la mythologie, soit d’inspiration psychanalytique. En 1930, elle fonde sa propre troupe, avec laquelle elle danse et crée plus de cent ballets. Citons notamment: Lamentation (Z. Kodály, 1930); Primitive Mysteries (L. Horst, 1931); El Penitente (L. Horst, A. Lauterer, 1940); Letter to the World (H. Johnson, A. Lauterer, 1940); Appalachian Spring (A. Copland, I. Noguchi, 1944); Cave of the Heart (S. Barber, I. Noguchi, 1946); Night Journey (W. Schuman, I. Noguchi, 1947); Clytemnestra (H. El Dabh, I. Noguchi, 1958); The Archaic Hours (E. Lester, M. Kinsella, 1969); Lamentations for Andromaque (S. Barber, 1982). Elle collabore avec les plus grands artistes contemporains, musiciens, peintres, sculpteurs, tels que Poulenc, Rosenthal, Calder. Dégageant la danse d’un folklore archaïque, elle lui ouvre les portes de la tragédie selon la leçon du chorégraphe français du XVIIIe siècle Noverre. «La danse est un absolu», dit Martha Graham. Attentive aux grands mouvements d’idées, sensible aux événements douloureux, elle a su inventer un ballet qui correspond au tumulte de notre temps. Elle lance plusieurs écoles pour diffuser non seulement sa technique, mais aussi l’enseignement des arts. En janvier 1984, l’Opéra de Paris a pu lui rendre hommage en invitant sa compagnie à donner plusieurs de ses ballets au palais Garnier. En 1985, au Metropolitan Opera de New York, son rêve se réalise: Graham présente sa version du Sacre du Printemps . Inspiré d’un rituel de pluie du Mexique précolombien, ce Sacre , martelé comme une danse du scalp, exprime la dimension «primitiviste» de l’inspiration grahamienne.L’impulsion donnée par Martha Graham à la danse américaine est des plus importantes: l’influence et le rayonnement de ses idées ont permis à de nombreux et authentiques talents (Merce Cunnigham, Paul Taylor, entre autres) de s’épanouir.
Encyclopédie Universelle. 2012.